COVER ISSUE 01 - FRAACTURMAGAZINE
FIDES SCRIBE, L’art de la trace sacree
Elle a vingt-sept ans et porte sur ses épaules le poids léger mais brûlant d’une liberté conquise à la force de l’encre et de l’âme.
Fideline Scribe n’est pas qu’une tatoueuse. Elle est une femme qui a choisi de faire de sa vie une œuvre.
À seize ans, elle effleure pour la première fois une machine à tatouer, sans savoir encore que ce geste inaugural serait le début d’un chemin, sinueux mais habité.
Elle aurait pu prendre une autre voie. Elle en avait même rêvé. La mode, cet autre art du corps, fut sa première passion.
Elle fréquente les ateliers Charbon-Savard avec l’envie d’habiller le monde de beauté. Ce monde, elle l’a imaginé doux, inventif, à l’image de ce qu’elle porte en elle.
Et si elle n’a pas poursuivi dans cette direction, c’est parce qu’une autre urgence s’est imposée : celle de créer pour les autres, avec eux, sur eux. Non plus habiller, mais révéler..
Fashion Director-Kipré Bazo
Art Director - Adélie Dubourg
Photographer - Ania Zawadka
Light - Quentin Perez
Styling - Kipré Bazo
Assistant - Alexandra
Talent - Fides Scribe Model Tattoo session - Lala
MUA - Nesrine Chennoufi
Hair - N’fel Bourti-Davot
Fides, c’est cette femme libre, profondément artiste mais farouchement ancrée. Une femme qui avance à contre-courant, non pour se faire voir, mais pour être fidèle à ce qu’elle sent juste.
Son corps, elle le considère comme une toile, un champ de bataille, un sanctuaire. Une terre d’inscriptions, de combats menés et de paix retrouvée.
Elle a longtemps lutté avec elle-même (son rapport au corps), aux garçons, à la drogue, mais cette traversée l’a forgée. Ce feu ne l’a pas détruite ; il l’a affinée.
Ce qui l’anime, ce n’est pas la reconnaissance, c’est le sens. Elle sait, au fond d’elle, qu’elle est légitime.
Non parce qu’on le lui aurait dit, mais parce qu’elle le ressent dans chaque ligne qu’elle trace. Elle n’a rien à prouver aux autres. C’est à elle seule qu’elle demande des comptes, et à cette part d’elle qui veut laisser une empreinte belle et durable.
Son travail est une offrande.
Elle tatoue sur la peau des femmes son nom d’artiste, ce nom devenu symbole, signature d’une sororité silencieuse mais puissante.
Elle avait d’abord refusé, gênée par ses propres démons, par ce lien intime entre le corps et la mémoire. Puis elle a compris que ce geste était une transmission, un pacte. Une marque discrète, mais pleine de sens. C’était sa façon de faire trace, de s’ancrer dans le récit collectif.
“Ce qui me fais vibrer, c’est la lueur de bonheur et de renouveau dans le regard de mes clientes quand elles decouvrent leur nouveau corps. C’est tellement précieux…
Finalement le tatouage c’est l’outfit que tu décides de porter pour toute ta vie. C’est puissant!”
Pour elle, le tatouage est un lieu de ressourcement. Chacun y vient chercher ce qui lui manque. Il y a là une forme d’appartenance, une force discrète mais immense.
L’acte de se faire tatouer devient alors un acte de résistance, une manière de dire : « Je suis là. Je choisis. Je m’inscris. » Et pour Fides, ce lien entre les femmes, cet élan de meute, c’est tout simplement le cœur de son art.
Elle parle de « sa meute de louves » avec la tendresse d’une sœur et la fierté d’une guerrière. C’est à travers ces femmes qu’elle trouve la vérité de son geste.
Leur force devient la sienne.
Cette communauté qu’elle n’a pas cherchée mais qui s’est formée autour de son nom est devenue sa boussole. Et avec elle, est née une responsabilité : celle de montrer l’exemple, d’être digne de cette confiance gravée dans la chair.
Ce qu’elle espère qu’on retiendra d’elle, ce n’est pas la notoriété, ni même le talent. Mais la vérité. Elle s’est faite seule.
Elle a connu la solitude, les refus, les doutes. Personne ne l’a aidée. Mais elle, elle a tendu la main. Elle a offert, sans attendre en retour.
Fides Scribe est de celles qui font de la douleur une beauté, de la liberté une œuvre, et de l’art un monde meilleur.
Pour les femmes. Pour demain.
Emmanuel Leclercq